Sabine MAGGIANI

J’aime aussi jouer avec les textures des papiers: mûrier, banane, papiers anciens…

Je me définis plus naturellement comme dessinatrice que comme peintre. Le trait a toujours été le fondement de mon travail.

Après une période largement consacrée au croquis figuratif, j’ai voulu aborder des représentations plus abstraites. Afin de libérer mon geste, j’ai expérimenté le monotype, procédé d’impression sans gravure qui produit un tirage unique. Dans un premier temps, je peins à l’acrylique sur une plaque de verre. Puis j’y appose une feuille de papier. Par transfert, la peinture passe de la plaque de verre au papier. La feuille est retirée de la plaque et mise à sécher. Enfin, je retravaille le monotype avec des encres, gouaches, stylos métallisés etc.

J’aime aussi jouer avec les textures des papiers (mûrier, banane, papiers anciens…) : chacun apporte une profondeur particulière à l’œuvre et fait appel à un imaginaire différent.

Les œuvres qui résultent de cette technique comportent une part d’inconnu et d’aléatoire accepté. Je travaille ainsi dans l’attente de ce qui va advenir sans être totalement prévu. La découverte et la surprise nourrissent la recherche graphique qui vient ensuite.

Ce qui donne leur unité à ma recherche et ma production est l’empreinte, d’un point de vue technique mais aussi métaphysique : conserver la trace, le souvenir de ce qui a été, du moment qui est passé ou de l’objet qui a disparu matériellement.

Chaque série entre en résonnance avec un moment de vie, la recherche plastique doublant une recherche personnelle – particulièrement dans le cas des monotypes sur feuilles de dictionnaire (Larousse du XIXe siècle). Les éléments réels qui m’ont servi de modèle ont été stylisés à l’extrême pour n’en garder que la quintessence, l’énergie qui les parcourt, signifiant un sursaut de vie créateur dans une époque troublée. Les titres à connotation poétique ou philosophique apportent une interprétation. En même temps ils appellent le spectateur à écouter sa propre sensibilité.

Je travaille depuis plusieurs années sur la thématique de la rivière. Très régulièrement, je marche au bord du Lot, la rivière qui enserre Cahors. Ces séances en extérieur, sur le motif, se nourrissent d’un double mouvement : ma propre pérégrination sur la rive et le courant de l’eau. Une première série a donné à voir des « choses vues », des détails choisis pour leur caractère graphique. J’expose des œuvres qui prennent aussi en compte les sensations vécues au cours de la marche, les émotions tactiles ou auditives. Une plus grande parte est laissée à l’interprétation : l’écume devient corps de femme, les roseaux coupés constellations, les algues dragons…

Au cours de ces dernières années, ces moments de rencontre avec la nature et les paysages se sont fait plus rares. J’ai dû nourrir ma créativité différemment.

J’en ai profité pour reprendre un certain nombre d’œuvres non abouties ou qui n’étaient plus efficientes. Scrutées attentivement, reprises ou découpées elles deviennent aujourd’hui les principes de nouvelles créations. Pour la première fois, je pratique le collage avec un projet à long terme. L’assemblage de ces éléments venus de temporalités différentes produit des œuvres abstraites ou allusives qui n’ont qu’un seul but : stimuler les sens et l’imagination du spectateur.

Certaines peuvent être abordées comme des saynètes d’un monde primordial, peuplées de rochers et de galets, d’étoiles, d’arbres rectilignes… Autant de petites présences qui nous observent.

Parfois les contrastes de couleurs sont marqués, parfois les teintes restent douces. J’aime toujours faire appel à plusieurs textures et je teinte aussi de petits morceaux de papier fin.

L’acte matériel de récupérer et d’accumuler des matériaux anciens, des matières modestes ou de peu, s’accompagne de nouveaux questionnements personnels. Que reste-t-il qui pourrait encore servir ? Ce qui m’intéressait il y a 5 ou 10 ans me porte-il encore aujourd’hui ? Se fait jour une réflexion sur mon œuvre (au masculin), sur ce qui nourrit, de façon parfois sous-jacente, la nécessité toujours renouvelée de créer.  

Vit et travaille à Cahors (Lot)

Galerie virtuelle sur Art Majeur: https://www.artmajeur.com/sabine-maggiani

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